Mercredi 15 mai en début d’après-midi, le Premier ministre de Slovaquie, Robert Fico, a été la cible de tirs après une réunion de son gouvernement dans la ville de Handlová, située à 180 kilomètres au nord-est de la capitale Bratislava.
Transporté dans un premier temps à l’hôpital de Handlová, Robert Fico a ensuite été transféré par hélicoptère vers l’hôpital Roosevelt de Banská Bystrica, une ville du centre du pays. Le chef du gouvernement y a subi une opération de cinq heures, permettant de stabiliser son état de santé. “Son état est stable, mais très grave”, a indiqué Miriam Lapuniková, directrice de l’hôpital, lors d’une conférence de presse, jeudi matin.
Plus tôt, le vice-Premier ministre slovaque, Tomáš Taraba, avait déclaré à la BBC que l’opération “s’était bien déroulée”, ajoutant : “Je suppose qu’en fin de compte, il survivra… sa vie n’est pas en danger pour le moment”.
Un écrivain de 71 ans arrêté
Robert Fico se trouvait à Handlová pour y tenir un conseil des ministres mercredi matin, puis un meeting dans le cadre des élections européennes l’après-midi. Déambulant devant la Maison de la culture locale, il s’est approché d’un petit groupe de personnes venues le rencontrer dans la rue, parmi lesquelles un homme qui a tiré à quatre reprises sur lui.
Sur des images récupérées par différents médias, on aperçoit l’assaillant être immédiatement appréhendé par les forces de l’ordre, tandis que le Premier ministre est rapidement transporté dans une limousine noire par ses officiers de sécurité, avant que celle-ci ne démarre en direction de l’hôpital. Vers 17 heures, la présidente slovaque, Zuzana Čaputová, a confirmé l’arrestation du principal suspect.
Le tireur présumé est Juraj Chintula, un écrivain local âgé de 71 ans. Il a été inculpé jeudi pour “tentative de meurtre avec préméditation”, a annoncé le ministre de l’Intérieur Matúš Šutaj Eštok, évoquant une attaque “motivée par des considérations politiques”. “C’était un loup solitaire”, qui a décidé de passer à l’acte “après les résultats du scrutin présidentiel, dont il était mécontent”, a-t-il indiqué. L’homme écrivait régulièrement des chroniques politiques de gauche sur son blog personnel, épinglant la politique de Robert Fico, selon l’ancien quotidien slovaque communiste Pravda.
Les responsables européens réagissent
Les dirigeants européens n’ont pas tardé à condamner cette attaque, mercredi. “De tels actes de violence n’ont pas leur place dans notre société et portent atteinte à la démocratie, notre bien commun le plus précieux”, a réagi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, via un post sur X. “Rien ne pourra jamais justifier la violence ou de telles attaques”, a de son côté indiqué le président du Conseil européen, Charles Michel, sur le même réseau social.
I strongly condemn the vile attack on Prime Minister Robert Fico.
— Ursula von der Leyen (@vonderleyen) May 15, 2024
Such acts of violence have no place in our society and undermine democracy, our most precious common good.
My thoughts are with PM Fico and his family.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, la Première ministre italienne Giorgia Meloni, le chancelier allemand Olaf Scholz ou le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, ont, eux aussi, réagi publiquement à cette attaque.
Plus tard dans la soirée, le président de la République, Emmanuel Macron, a lui aussi adressé ses vœux de rétablissement au Premier ministre slovaque.
Choqué par les tirs qui ont frappé le Premier ministre slovaque Robert Fico. Je condamne fermement cette attaque. Mes pensées et ma solidarité vont vers lui, sa famille et le peuple slovaque.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) May 15, 2024
De retour au pouvoir en octobre 2023
Robert Fico, qui avait été Premier ministre de Slovaquie entre 2006 et 2010 puis entre 2012 et 2018, a retrouvé ces fonctions en octobre 2023 à l’issue des élections législatives. Président du parti SMER-SD, il a progressivement dévié d’une ligne social-démocrate vers des positionnements populistes, nationalistes et pro-russes.
Depuis son retour au pouvoir il y a quelques mois, les tensions se sont accrues dans le paysage politique slovaque, qui s’est davantage polarisé, entre europhiles et eurosceptiques.
Cette attaque contre le chef du gouvernement intervient quelques semaines après le second tour de l’élection présidentielle slovaque. Peter Pellegrini, allié de Robert Fico, avait battu le candidat europhile et atlantiste, Ivan Korčok.