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Elections européennes 2024 : ce qu’il faut retenir du débat des Spitzenkandidaten, les candidats à la présidence de la Commission européenne

Economie, Pacte vert, Ukraine, immigration… A moins de trois semaines du scrutin, cinq prétendants à la présidence de la Commission européenne ont débattu des sujets brûlants qui agitent le Vieux Continent. On vous en raconte l’essentiel.

Cinq Spitzenkandidaten ont débattu jeudi 23 mai en direct. De gauche à droite : Sandro Gozi (Renew Europe Now), Terry Reintke (Verts européens), Walter Baier (Gauche européenne), Ursula von der Leyen (Parti populaire européen) et Nicolas Schmit (Parti socialiste européen) - Crédits : Philippe Buissin / Parlement européen
Cinq Spitzenkandidaten ont débattu jeudi 23 mai en direct. De gauche à droite : Sandro Gozi (Renew Europe Now), Terry Reintke (Verts européens), Walter Baier (Gauche européenne), Ursula von der Leyen (Parti populaire européen) et Nicolas Schmit (Parti socialiste européen) - Crédits : Philippe Buissin / Parlement européen

Ce jeudi 23 mai après-midi, cinq Spitzenkandidaten désignés par les principaux partis politiques européens se retrouvaient pour débattre en direct, depuis Bruxelles. Un événement de deux heures organisé par le Parlement européen et diffusé dans l’ensemble des 27 Etats membres de l’Union.

Walter Baier (Gauche européenne, Autriche), Sandro Gozi (Renew Europe Now, Italie), Terry Reintke (Verts européens, Allemagne), Nicolas Schmit (Parti socialiste européen, Luxembourg) et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen (Parti populaire européen, Allemagne), étaient présents. Les candidats à la présidence de l’exécutif européen ont débattu de six thématiques différentes, entrecoupées de questions posées par des citoyens européens.

Lutte contre la pauvreté et Pacte vert : deux faces d’une même pièce ?

Le taux de chômage a largement baissé ces dernières années dans l’UE, mais dans le même temps, près de 23 % des Européens sont menacés de pauvreté ou d’exclusion sociale. Qu’ont donc dit les candidats sur les questions économiques et sociales ? 

Ursula von der Leyen (PPE) et Nicolas Schmit (PES) ont chacun défendu leur bilan. La présidente de la Commission européenne a par exemple rappelé que le plan de relance adopté par l’UE après la pandémie de Covid-19 avait investi dans le logement social.

L’actuel commissaire européen à l’Emploi et aux Droits sociaux, Nicolas Schmit, a de son côté mis en avant les nouvelles directives sur les salaires minimums ou la protection des travailleurs des plateformes numériques. Objectif des socialistes européens pour le prochain mandat : investir dans les compétences des travailleurs.

Plus à gauche, l’Autrichien Walter Baier (PGE) a fait du logement une priorité. Le communiste estime que l’Union européenne doit voter une directive imposant aux Etats membres d’introduire un encadrement des loyers. “Il faut que le Pacte vert devienne réalité”, a pour sa part martelé la candidate écologiste, Terry Reintke, soulignant que la transition climatique pouvait créer des emplois industriels sur le Vieux Continent.

Sur la question du Pacte vert, un relatif consensus s’est dégagé entre les cinq candidats pour défendre la feuille de route climatique européenne. Ursula von der Leyen a insisté sur la mise en œuvre des législations adoptées ces dernières années (dans un “dialogue” avec les agriculteurs et les industriels, a-t-elle précisé), tandis que le centriste Sandro Gozi a considéré que l’enjeu était de “rendre la politique climatique acceptable” pour tout le monde. Une manière d’y répondre selon lui : verdir le marché unique en renforçant les droits des consommateurs, comme l’Union européenne l’a déjà fait en adoptant un droit à la réparation pour éviter d’augmenter nos déchets.

A la question de savoir si un nouvel élargissement de l’UE pouvait fragiliser son économie, Sandro Gozi a répondu que le projet européen avait été conçu “pour tous les citoyens du continent”, dont les Ukrainiens et les habitants des Balkans. Néanmoins, l’Italien appelle à “repenser le logiciel de l’Europe” avant d’accueillir de nouveaux membres. Le chef de file du Parti démocrate européen (PDE) propose notamment d’augmenter le budget de la politique agricole commune (PAC) et de la politique de cohésion. 

L’invasion russe en Ukraine, source intarissable d’inquiétudes

Lors de la seconde partie de ce débat, consacrée aux thématiques de défense et de sécurité, le sujet de l’invasion russe de l’Ukraine a logiquement été omniprésent. La plupart des Spitzenkandidaten ont défendu l’idée d’une meilleure coopération européenne en matière de défense, afin de renforcer la place de l’UE dans un contexte international aux tensions accrues. De son côté, le candidat de la Gauche européenne a prôné un “désarmement” de l’Union européenne, afin notamment de financer plus de mesures sociales et écologiques. 

Un empire agressif est de retour aux portes de l’Europe et Vladimir Poutine ne va pas s’arrêter à l’Ukraine”, alertait Sandro Gozi, le candidat des libéraux européens. Avant de poursuivre : “c’est pourquoi il nous faut une véritable puissance européenne pour nous mettre à table et défendre nos intérêts, plutôt que d’être au menu de ces négociations”.

Pour la Spitzenkandidatin écologiste Terry Reintke, cette coopération industrielle doit s’appliquer en matière “d’acquisition, de recherche et de développement”. Etrillant les blocages successifs provoqués par le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, pro-russe, elle a aussi proposé de remettre en question la règle de l’unanimité au Conseil sur les sujets de défense et de sécurité.

En réponse à une question du public, l’actuelle présidente de la Commission européenne et candidate du Parti populaire européen, Ursula von der Leyen, a pour sa part défendu un double réarmement, à la fois de l’Ukraine, mais également des Etats membres. Elle a notamment relayé l’idée d’un “bouclier de défense aérienne pour l’ensemble de l’UE”.

Quant au financement de cette défense européenne, l’Allemande a laissé plusieurs portes ouvertes. “Il faudra parler de la manière de financer cela. Soit avec des contributions des Etats membres, soit avec de nouvelles ressources propres européennes”.

L’Ukraine mène une guerre pour la liberté contre l’oppression, pour la démocratie contre l’autocratie, elle se bat pour l’ensemble de nos valeurs et les nations livres. Il faut donc avant tout protéger l’Ukraine”, a-t-elle ajouté en guise de conclusion sur le sujet.

Un autre conflit à également été abordé lors de ce débat, bien que dans des proportions bien moins importantes que la guerre en Ukraine. Le candidat de la Gauche européenne, Walter Baier, a tenu à mettre en lumière la guerre qui se déroule à Gaza, théâtre d’un conflit armé entre Israël et le Hamas.

L’Autrichien a directement interpellé Ursula von der Leyen au cours de son intervention : “quand l’UE imposera-t-elle des sanctions à Israël concernant ses agissements à Gaza ?”. La présidente de l’exécutif européen a tenu à rappeler qu’elle avait toujours reconnu à “Israël le droit de se défendre en vertu de la charte de l’ONU”, mais qu’elle devait le faire en accord avec “le droit humanitaire”. “Nous devons travailler à une solution à deux Etats, c’est la seule lumière au bout du tunnel”, a-t-elle conclu.

Asile et migrations : consensus sur les voies légales

Autre thème de ce débat : les questions migratoires. Tous les candidats ont semblé d’accord pour créer des voies légales d’immigration vers l’Union européenne afin de pallier le manque de main d’œuvre dans certains secteurs économiques. “Nous sommes un continent vieillissant”, a tenu à souligner l’écologiste Terry Reintke.

Défendant le Pacte asile et migrations récemment adopté, Ursula von der Leyen a rappelé les règles européennes en la matière. Selon elle, l’UE doit accorder la protection et l’asile à ceux qui en ont besoin. “Ce sont nous, les Européens, qui fixons les règles. Ceux qui ne sont pas éligibles à l’asile doivent retourner chez eux”, a-t-elle toutefois martelé, pointant du doigt le rôle des passeurs.

Nicolas Schmit a interpellé à son tour la présidente de la Commission européenne, dénonçant les conditions dans lesquelles l’UE externalise la gestion de ses frontières aux Etats tiers, comme la Tunisie. “Les réfugiés sont renvoyés vers le désert […], ce n’est pas l’Europe et ses valeurs”, a insisté le socialiste luxembourgeois.

Absente du débat, l’extrême droite au cœur des échanges

Des sept groupes politiques aujourd’hui présents au Parlement européen, deux seulement n’ont pas pris part à ce débat : les Conservateurs et réformistes européens (CRE), auquel est rattaché le parti d’Eric Zemmour, Reconquête, ainsi qu’Identité et démocratie (ID), groupe dans lequel siègent les élus du Rassemblement national. Ces deux partis européens nationalistes sont opposés au système du Spitzenkandidat, et n’ont donc pas désigné de candidats à la présidence de la Commission européenne dans le cadre des élections de cette année.

Bien qu’absente du plateau, l’extrême droite n’en a pas moins été au cœur des débats durant ces deux heures d’échange. Tour à tour, les candidats présents ont alerté sur le danger de la montée du populisme d’extrême droite aux quatre coins du continent. “La meilleure stratégie pour assurer la sécurité de l’Union est d’éviter la progression de l’extrême droite. On ne peut pas avoir le bras armé de Poutine au sein de notre Parlement européen”, a alerté l’écologiste Terry Reintke.

Ursula von der Leyen a ensuite été confrontée par les autres candidats présents sur le plateau. La présidente de la Commission européenne n’a jamais exclu de travailler avec le groupe des CRE à l’issue des élections européennes de juin, ce que lui reprochent ses principaux concurrents. L’intéressée a tenu à clarifier sa position, tant bien que mal : “Je n’ai pas dit que j’étais disposée à travailler avec CRE. Je vais voir comment les députés européens se regroupent, et nous travaillerons avec les groupes qui sont clairement pro-européen, pro-Ukraine, contre Poutine et pour l’état de droit”.

Enfin, le chef de file des libéraux, Sandro Gozi, a lui été invité à s’expliquer sur une possible alliance avec l’extrême droite, mais aux Pays-Bas. Le VVD, rattaché à Renew Europe, pourrait s’allier avec le nationaliste Geert Wilders pour former un gouvernement majoritaire. Une alliance qui embarrasse la famille libérale européenne et qui est pointée du doigt par la gauche.

Sur le principe c’est une grave erreur, je ne le ferai jamais”, a-t-il reconnu. Avant d’ajouter : “au Parlement européen, nous dirons toujours non aux alliances avec l’extrême droite, que ce soit ECR ou ID. On discutera de l’avenir du VVD dans notre groupe au lendemain des élections européennes, le 10 juin. Ce sera le premier point à l’ordre du jour et nous prendrons une décision. Mais ce sera un vote, ce n’est pas à moi de décider seul”.

Revoir le débat du 23 mai en vidéo

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