“Nous avons gagné les élections européennes, les amis”, s’est exclamée Ursula von der Leyen, dimanche 9 juin au soir, après la parution des premiers résultats du scrutin européen [Le Nouvel Obs]. La droite conservatrice du Parti populaire européen, dont elle est issue, conserve en effet son statut de premier groupe politique dans l’hémicycle strasbourgeois avec près d’un quart des sièges du futur Parlement européen, d’après les projections.
Plus encore, “avec 186 sièges prévus pour le Parti populaire européen, 135 pour les Socialistes et Démocrates (S&D) et 82 pour [les centristes] de Renew Europe”, les trois groupes “qui forment ‘la grande coalition’ au sein de laquelle se forgent les compromis dans l’hémicycle cumuleraient 403 élus sur un total de 720″, selon les dernières estimations [Le Huffington Post]. Soit plus de la majorité des sièges d’eurodéputés.
Conséquence logique du système des Spitzenkandidaten ?
L’actuelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen serait, ainsi en “pole position” pour se succéder à elle-même, estime The Guardian. Elle “devrait avoir une chance d’obtenir cinq années supplémentaires” à la tête de l’institution, “conformément à la procédure dite de ‘Spitzenkandidaten’ “, explique Euronews.
Selon cette “règle non écrite”, le chef de file du parti arrivé en tête des élections au niveau européen peut revendiquer la présidence de l’exécutif à Bruxelles, rappelle Le Nouvel Obs. Ce sont toutefois “les chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Sept”, réunis au sein du Conseil européen, qui doivent proposer un candidat aux députés européens. Leur prochain sommet est prévu les 27 et 28 juin, après une première rencontre informelle le 17 juin, précise l’hebdomadaire. Et “une candidature surprise – si elle apparaît peu probable – ne peut pas être complètement exclue”, souligne Marion Muehlberger, analyste de la Deutsche Bank, citée par le magazine français.
Le futur président de la Commission européenne a toutefois “besoin d’un double feu vert”, avec l’approbation finale du Parlement européen, rappelle la RTBF. Le candidat des Vingt-Sept dirigeants européens doit ainsi obtenir l’aval d’une majorité absolue des 720 eurodéputés qui siégeront à partir de juillet 2024, soit “au moins 361 voix”, précise la chaîne de télévision belge. Le vote “devrait avoir lieu lors de la séance plénière du 16 au 19 juillet”, indique Le Nouvel Obs.
“Défections” à prévoir
Si “à première vue, cet exercice semble facile” pour Ursula von der Leyen, plusieurs obstacles pourraient se mettre en travers de son chemin. A commencer par de probables “défections” dans son propre parti européen, lors du vote d’investiture au Parlement [Le Nouvel Obs]. Ainsi les Républicains français (LR) ont “d’ores et déjà annoncé qu’ils ne voteraient pas pour la présidente de la Commission sortante”, note l’hebdomadaire.
De leur côté, “les socialistes [européens] ont insisté sur le fait qu’ils ne soutiendraient pas Mme von der Leyen si elle passait un accord avec l’ECR”, la droite nationaliste menée par la Première ministre italienne Giorgia Meloni [The Guardian]. Certes, le PPE a “tendu la main” aux “sociaux-démocrates et libéraux” dimanche soir après l’annonce des résultats [Le Nouvel Obs]. Mais ceux-ci n’avaient pas manqué de critiquer les ouvertures de l’Allemande à sa droite durant sa campagne.
En tête des élections européennes dans son pays, Giorgia Meloni a quant à elle affirmé ce matin qu’il était “trop tôt pour donner une réponse” sur son éventuel soutien à la candidate [Euractiv]. Un vote favorable des Verts n’est lui non plus pas exclu : le député écologiste belge Philippe Lamberts a déclaré que son groupe attendait de mesurer les engagements environnementaux de la candidate “pour pouvoir la soutenir”, rapporte The Guardian.
Au Parlement européen, la constitution des “différents groupes politiques” a commencé dès lundi 10 juin, les partis politiques ayant officiellement “jusqu’au 15 juillet” pour les former, fait savoir L’Express.
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