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Elections européennes 2024 : qui sont les "Spitzenkandidaten", ces candidats chefs de file au niveau européen ?

En France, les partis ont désigné leur tête de liste pour les élections européennes. Mais pour mener campagne, les partis politiques européens auxquels ils sont affiliés ont aussi leurs chefs de file, appelés “Spitzenkandidat”. Découvrez leur visage.

Découvrez les têtes de liste pour les élections européennes 2024 au niveau de l’UE - Crédits : Commission européenne, Parlement européen, compte X @fdp_nrw, Ferran Cornellà CC BY-SA 4.0 | Montage Touteleurope.eu

Qui prendra les rênes de la prochaine Commission européenne ? Après le scrutin qui se tiendra du 6 au 9 juin 2024 dans les 27 Etats membres de l’Union, les eurodéputés fraichement élus devront, entre autres, adouber le nouveau président de la Commission européenne.

Les Etats membres réunis au sein du Conseil européen proposeront au vote des parlementaires un ou une candidate pour ce poste à hautes responsabilités. Pour cela, ils devront “tenir compte” des résultats du scrutin, selon les traités européens. Le candidat devra obtenir la majorité absolue lors de ce vote pour être élu (la moitié des députés plus un, ce qui représente 361 voix lors de la prochaine mandature qui comptera 720 élus).

Le système du Spitzenkandidat (“tête de liste” en allemand, “Spitzenkandidaten” au pluriel), lui, est un mode particulier de sélection du président ou de la présidente de la Commission européenne. Il n’est pas imposé par les traités mais avait été respecté une seule fois, lors des élections européennes de 2014. Ce système prévoit que le chef de file du parti européen arrivé en tête lors du scrutin à l’échelle de l’ensemble de l’UE devienne automatiquement président de la Commission.

Bien que les chefs d’Etat et de gouvernement n’aient aucune obligation de prendre en compte ce système pour désigner leur prochain candidat à la présidence de la Commission, les principaux partis européens ont tout de même sélectionné un ou plusieurs candidats pour briguer la tête de l’exécutif. Tour d’horizon des personnalités déclarées au niveau européen.

Les Français ont eu le temps de se familiariser avec le nom et le visage d’Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne depuis 2019. Et ceux qui ne la connaissent pas encore auront peut-être cinq ans de plus pour la découvrir, puisque l’Allemande a été investie pour représenter le Parti populaire européen (PPE) lors du scrutin de juin. “Voilà ce que nous défendons : démocratie, prospérité, sécurité. L’une ne va pas sans les autres”, avait-t-elle lancé aux conservateurs européens réunis en congrès à Bucarest (Roumanie), le 7 mars.

Membre de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) en Allemagne, Ursula von der Leyen a été ministre de 2005 à 2019, date à laquelle elle a pris les rênes de la Commission. Elle n’était pourtant pas la candidate naturelle de son camp à l’époque : le PPE avait adoubé le patron du groupe de centre droit au Parlement européen, Manfred Weber, comme Spitzenkandidat avant les élections. Les chefs d’Etat et de gouvernement réunis au sein du Conseil européen avaient finalement désigné l’Allemande comme candidate à la présidence de la Commission, après un accord entre Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel, contournant ainsi le système du Spitzenkandidat initialement prévu.

Les socialistes européens ont choisi un Luxembourgeois comme chef de file. Agé de 70 ans, Nicolas Schmit est commissaire européen à l’Emploi et aux Droits sociaux depuis 2019. Durant son mandat, il a notamment contribué à mettre en place les mesures de soutien aux Etats membres durant la pandémie de Covid-19, et suivi l’intégration des réfugiés ukrainiens dans leur pays d’accueil après l’invasion russe en Ukraine entamée en février 2022. Il a également porté des directives sur les salaires minimums et pour améliorer les conditions de vie des travailleurs des plateformes numériques.

En tant que candidat commun, vous me trouverez pleinement engagé à vos côtés. Nous avons un projet d’espoir, de progrès, de justice et de prospérité partagée”, a-t-il déclaré lors de sa désignation comme Spitzenkandidat, à Rome (Italie), le 2 mars.

Membre du Parti ouvrier socialiste luxembourgeois (POSL), Nicolas Schmit a été ministre du Travail dans son pays, de 2009 à 2018. Il a servi les gouvernements successifs de Jean-Claude Juncker, ancien président de la Commission européenne, puis de Xavier Bettel.

Un trio. Si les centristes sont rassemblés dans un groupe unique au Parlement européen, Renew Europe, trois partis politiques européens le composent. Avec autant de chefs de file pour ces élections européennes.

Pour le principal mouvement de la coalition, le Parti de l’Alliance des libéraux et des démocrates pour l’Europe (ALDE), le choix s’est porté sur Marie-Agnes Strack Zimmermann. Spécialiste des questions de défense, cette Allemande de 66 ans est membre du Parti libéral-démocrate (FDP) et présidente de la commission de la défense au Bundestag allemand. Elle n’a toutefois jamais été élue au Parlement européen.

L’eurodéputé Sandro Gozi représente quant à lui le Parti démocrate européen (PDE), dont il est le secrétaire général et auquel est par exemple affilié le MoDem de François Bayrou. L’Italien, élu sur la liste de la majorité présidentielle française en 2019, était auparavant secrétaire d’Etat aux Affaires européennes de 2014 à 2018 en Italie. Il est aujourd’hui membre du parti Italia Viva, fondé par l’ancien Premier ministre Matteo Renzi.

Enfin, une troisième cheffe de file représente les libéraux européens qui ne sont affiliés ni à l’ALDE, ni au PDE, à l’instar de Renaissance en France. Il s’agit de Valérie Hayer, présidente du groupe Renew Europe au Parlement européen et tête de liste de la majorité présidentielle française. Eurodéputée depuis 2019, elle s’est illustrée sur les questions budgétaires lors de son premier mandat à Strasbourg.

Lors de son congrès à Lyon début février, le Parti vert européen (PVE) a désigné un duo pour mener campagne. Il est formé par Terry Reintke et Bas Eickhout.

Eurodéputée depuis 2014, Terry Reintke est connue pour ses combats en faveur des droits des femmes et de la communauté LGBTI+. Coprésidente du groupe des Verts/ALE au Parlement européen, l’Allemande de 36 ans est apparue sur la Une du magazine Time en 2017 parmi d’autres personnalités dénonçant les violences sexuelles.

Le Néerlandais Bas Eickhout s’est quant à lui illustré sur les questions climatiques au Parlement européen. Agé de 47 ans, il est vice-président de la commission de l’Environnement et a porté plusieurs rapports sur les normes en matière d’émissions de gaz à effet de serre. Déjà Spitzenkandidat écologiste en 2019, il a aussi travaillé sur les questions de budget lors de cette mandature (2019-2024).

A 70 ans, l’Autrichien Walter Baier a été désigné Spitzenkandidat pour le Parti de la gauche européenne (PGE) fin février, à Ljubljana (Slovénie). Membre du Parti communiste d’Autriche (KPÖ), ce diplômé en économie de l’université de Vienne défend “une Europe démocratique, sociale, pacifique et écologique”.

Si le Parti communiste français (PCF) est membre de ce mouvement européen, toutes les gauches radicales du continent ne s’inscrivent pas dans la campagne du PGE. Siégeant pourtant au sein du même groupe au Parlement européen que les eurodéputés affiliés au PGE, La France insoumise (LFI) a sa propre coalition transnationale. Baptisée “Maintenant le peuple”, elle réunit par exemple Podemos (Espagne), Die Linke (Allemagne) et le Bloco de Esquerda (Portugal). Toutefois, l’alliance ne prévoit pas de présenter de chef de file à l’échelon européen.

Mais aussi…

Il n’y aura pas de Spitzenkandidat pour Identité et démocratie (ID), le parti d’extrême droite auquel est affilié le Rassemblement national (RN). Les nationalistes ont toutefois désigné un porte-parole : l’eurodéputé danois de 36 ans, Anders Vistisen. De son côté, la droite radicale et eurosceptique des Conservateurs et réformistes européens (CRE) ne présentera pas non plus de chef de file. “En refusant de désigner un candidat à la fonction suprême, le CRE envoie un signal fort indiquant que le parti reste fidèle à sa ligne de conduite, à savoir qu’il n’a jamais été en faveur du système du Spitzenkandidat”, écrivent-ils dans un communiqué du 24 avril.

Au Parlement européen, la majorité des eurodéputés de l’Alliance libre européenne (ALE) siègent avec les Verts. Cette coalition de partis régionalistes et autonomistes a néanmoins choisi son propre duo de candidats, en octobre 2023. A 23 ans, Maylis Roßberg représente la minorité danoise en Allemagne. Elle partage la tête d’affiche avec le Catalan Raül Romeva. Agé de 52 ans, cet ancien député européen a passé quatre ans en prison en Espagne après la déclaration d’indépendance de la Catalogne en 2017.

Le mouvement progressiste paneuropéen Volt a désigné deux têtes de liste début avril. Damian Boeselager a été élu eurodéputé en Allemagne pour la première fois en 2019. A 36 ans, il est membre de la commission des Affaires constitutionnelles et siège avec les Verts. Bien connue à Bruxelles, Sophie in ‘t Veld s’est quant à elle imposée sur les questions de l’état de droit et des libertés publiques dans les sphères européennes. A 60 ans, la Néerlandaise a enchaîné quatre mandats au Parlement européen et fait actuellement partie du groupe Renew Europe.

Plus à droite, le Mouvement politique chrétien européen (ECPM) a choisi le pasteur et ancien vice-président du Parlement moldave, Valeriu Ghilețchi. De nationalité roumaine et moldave, il a présidé la Fédération baptiste européenne, une association évangélique. Enfin, Anja Hirschel (Allemagne) et Marcel Kolaja (République tchèque) représentent le Parti pirate européen (PPEU), une formation politique qui défend, entre autres, la démocratie et les libertés publiques sur internet. Eurodéputé depuis 2019, Marcel Kolaja est cinquième questeur du Parlement européen.

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