Toute L'Europe – Comprendre l'Europe

Elections européennes 2024 : dissolution de l’Assemblée nationale, RN en tête… ce qu’il faut retenir des résultats en France

En arrivant en première position avec 31,37 % des voix, le Rassemblement national (RN) domine largement les autres partis à l’issue du scrutin européen. Le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé des élections législatives anticipées.

Jordan Bardella (RN), Valérie Hayer (Renaissance), Raphaël Glusckmann (PS-PP) et Manon Aubry (LFI) sont les quatre premières têtes de liste de cette soirée électorale du 9 juin
Jordan Bardella (RN), Valérie Hayer (Renaissance), Raphaël Glusckmann (PS-PP) et Manon Aubry (LFI), de haut en bas et de gauche à droite, sont les quatre premières têtes de liste de la soirée électorale du 9 juin - Crédits : Parlement européen / Montage Toute l’Europe

C’est peu dire que ces élections européennes 2024 auront entraîné des conséquences sur la scène politique française. Avec 31,37 % des voix et 30 élus au Parlement européen, le Rassemblement national, mené par Jordan Bardella, devance de loin les autres candidats. Derrière, la liste de la majorité présidentielle, menée par Valérie Hayer, récolte 14,60 % des suffrages, à quelques encablures de l’alliance entre le Parti socialiste et Place Publique. Portée par Raphaël Glusckmann, elle obtient 13,83 % des voix.

Face à ces résultats, Emmanuel Macron a annoncé le soir même dissoudre l’Assemblée nationale. “J’ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote”, a déclaré le président de la République après 20h. Des élections législatives anticipées se tiendront le 30 juin et le 7 juillet. 

Peu de temps après, le secrétaire général du parti Renaissance Stéphane Séjourné a indiqué que la majorité “ne [présenterait] pas de candidat” contre des députés sortants de l’Assemblée nationale issus du “champ républicain”.

Dans la foulée de l’annonce des estimations, Jordan Bardella avait salué un “verdict sans appel” envoyé par les Français contre la politique du gouvernement et les dirigeants européens. L’eurodéputé et président du RN avait demandé au chef de l’Etat “d’en revenir au peuple français”. Déjà tête de liste lors des élections européennes de 2019, Jordan Bardella améliore de 8 points son score par rapport au dernier scrutin, où il avait recueilli plus de 23,3 % des suffrages. Et la délégation d’extrême droite gagne 12 sièges par rapport à ses effectifs dans le Parlement européen sortant. Un score élevé alors que la participation en France atteint 51,49 %, ce qui représente un record pour des élections européennes depuis 1994.

Renaissance devant une alliance PS-PP en dynamique

Absent de la première place sur le podium, le parti présidentiel s’évite toutefois de peu la déconvenue de terminer en troisième position. “Pas un responsable politique qui aime la France et qui aime l’Europe ne peut se réjouir”, a déclaré Valérie Hayer un peu plus tard dans la soirée. “Dans le monde d’aujourd’hui, l’intérêt du pays et celui des Français, c’est l’Europe”, a estimé la tête de liste de Renaissance, qui préside aussi le groupe Renew Europe (libéraux) au Parlement européen. Parmi les eurodéputés sortants réélus, on trouve le président de la commission de l’Environnement au Parlement européen, Pascal Canfin, Bernard Guetta ou Nathalie Loiseau.

Avec 14,6 % des suffrages, sa liste récolte en effet 13 sièges au Parlement européen. Elle devance de peu celle du Parti socialiste – Place publique, portée par Raphaël Glucksmann. Les résultats du ministère de l’Intérieur la donnent à 13,83 % et 13 sièges également. “Nous devons continuer à cultiver cette espérance qui est née pendant cette campagne. C’est notre devoir et c’est aussi notre bouée de sauvetage”, a estimé l’eurodéputé, qui retrouvera les bancs du Parlement européen, notamment aux côtés des sortantes Nora Mebarek et Aurore Lalucq. Les sociaux-démocrates français réussissent l’exploit de quasiment doubler leur nombre de sièges, passant de 7 à 13 élus.

La France insoumise deuxième à gauche

Manon Aubry semble quant à elle avoir bénéficié d’une mobilisation dans ces derniers jours de campagne européenne. Arrivée à 9,89 %, La France insoumise enregistre un score final plus élevé que ce que pouvaient laisser penser les enquêtes d’opinion avant le vote. “Nous sommes ce soir plus forts que nous ne l’étions en 2019, et nous aurons plus d’élus demain au Parlement européen pour mener le combat”, a constaté la tête de liste LFI, qui a également étrillé Emmanuel Macron et Jordan Bardella. Le mouvement de gauche radicale obtient 9 élus (contre 6 aujourd’hui), dont le sortant Younous Omarjee, ou la juriste pro-palestinienne Rima Hassan.

Ce soir, ce n’est pas la fin d’une campagne, c’est le début d’un long chemin”, a pour sa part estimé la tête de liste des Républicains, François-Xavier Bellamy. Avec 7,25 % et six sièges, le parti conservateur perd deux élus dans l’hémicycle strasbourgeois. Réagissant à la main tendue de Renaissance après la dissolution de l’Assemblée nationale, le président du parti Eric Ciotti a assuré que LR refuserait “toute forme d’alliance” avec la majorité présidentielle lors des prochaines élections législatives.

Les Verts chutent, Reconquête passe de justesse

Les Ecologistes peuvent souffler. Régulièrement donnés entre 5 et 6 % dans les derniers jours de la campagne, Marie Toussaint et ses colistiers parviennent finalement à passer le seuil nécessaire pour obtenir des eurodéputés, enregistrant 5,5 % des suffrages. 5 élus obtiennent un mandat européen, contre 12 en 2019. 

Non loin derrière, en dernière position des listes au-dessus du seuil électoral, Marion Maréchal (Reconquête) échappe de peu à la catastrophe pour son parti. Avec 5,47 %, le mouvement d’extrême droite remporte également 5 sièges au Parlement européen.

Reste qu’une nouvelle bataille électorale va commencer, jusqu’aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet prochains. La cheffe de file du RN, Marine Le Pen, a assuré que son parti était “prêt”. Tandis que certaines personnalités à gauche appellent à l’union pour le prochain scrutin national. A l’image de l’écologiste Marie Toussaint, du Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure ou du député François Ruffin, qui souhaite voir éclore un “Front populaire”. “Maintenant l’Union. Urgente, forte, claire”, a pour sa part tweeté lundi matin le fondateur de LFI, Jean-Luc Mélenchon. A l’issue du scrutin européen, le “bloc des gauches” représente 31,6 % des voix, contre 36,8 % pour l’extrême droite en comptant les principaux partis politiques. Un rapport de forces qui ne préjuge toutefois en rien du résultat des élections législatives, dont le mode de scrutin majoritaire à deux tours diffère sensiblement.

Les calendriers nationaux et européens se chevauchent par ailleurs. Les prochaines élections législatives se tiendront quelques jours après la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE, les 27 et 28 juin prochains. Le Conseil européen devrait notamment proposer un nom pour la présidence de la Commission européenne. Dans tous les cas, les jeux sont faits pour ces élections européennes. Les nouveaux eurodéputés se réuniront de leur côté à Strasbourg, pour une session constitutive qui se tiendra du 16 au 19 juillet.

Consultez notre dossier spécial Elections européennes 2024

Votre avis compte : avez-vous trouvé ce que vous cherchiez dans cet article ?

À la une sur Touteleurope.eu

Flèche

Participez au débat et laissez un commentaire

Commentaires sur Elections européennes 2024 : dissolution de l'Assemblée nationale, RN en tête… ce qu'il faut retenir des résultats en France

Lire la charte de modération

Commenter l’article

Votre commentaire est vide

Votre nom est invalide Le consentement des cookies est requis

1 commentaire

  • Avatar privé
    Even

    Résultats pas surprenants conséquences des déceptions,désillusions accumulées depuis des années, pas uniquement sous la gouvernance Macron, même si celui-ci , a particilièrement cristallisé les ressentiments.
    La baisse du pouvoir d’achat pour une majorité de français est certainement une des principales raisons.
    Comme “on” explique aux gens que l’argent publique part pour les étrangers, la guerre en Ukraine ‚le RN semble pouvoir répondre à leur mécontentement. Analyse très simplifiée mais le dernier vote n’est pas intellectuel .
    Combattre les inégalités sociales serait une réponse à la situation actuelle.