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Elections européennes 2024 : le Parti populaire européen progresse et reste le premier groupe au Parlement européen

Réunie au sein du PPE, la droite européenne se retrouve de nouveau en tête des élections européennes. De quoi assurer un second mandat à Ursula von der Leyen à la présidence de la Commission européenne ?

La présidente de la Commission Ursula von der Leyen, ici le soir du 9 juin, a mené la campagne du PPE
La présidente de la Commission Ursula von der Leyen, ici le soir du 9 juin, a mené la campagne européenne du PPE - Crédits : Flickr European People’s Party Generic CC BY 2.0

Nouvelle victoire pour le Parti populaire européen (PPE). Au soir des élections européennes de 2024, les conservateurs sont arrivés en tête dans 13 des 27 Etats membres de l’UE, incluant certains pays qui envoient les plus gros contingents d’élus au Parlement européen. La droite a terminé première en Allemagne, en Espagne, ou encore en Pologne.

Le petit score des Républicains (LR) en France dimanche 9 juin (7,2 %, 6 sièges) fait donc presque figure d’exception, dans une Europe qui a globalement beaucoup voté pour des candidats affiliés à la droite européenne. En l’état actuel des forces au Parlement européen, le PPE dispose de 189 élus sur 720, soit un quart des sièges. Comme c’est le cas sans discontinuer depuis 1999, le PPE demeure ainsi le premier groupe politique de l’hémicycle, loin devant les socialistes (135 sièges).

Les conservateurs en force

Les élections européennes nous accordent un mandat fort”, s’est réjoui dimanche le patron du parti et du groupe conservateur au Parlement européen, Manfred Weber. “La victoire de ce soir est une question de confiance et de responsabilité. Elle montre notre façon de faire de la politique”, a ajouté l’Allemand. Le groupe de centre droit obtient ainsi 13 sièges de plus qu’il n’en possédait à la fin de la mandature précédente.

La première délégation nationale au sein du PPE sera allemande. Outre-Rhin, la coalition chrétienne-démocrate entre la CDU et la CSU a légèrement amélioré son score par rapport à 2019 (28,9 %), en obtenant 30 % des voix. En tout, 30 élus allemands siègeront sur les bancs de la droite européenne.

Il faudra également composer avec les Espagnols. De l’autre côté des Pyrénées, le Parti populaire (PP) porté par l’eurodéputée Dolors Montserrat a triomphé, atteignant 34,2 %. Un score largement supérieur à celui qu’il avait obtenu en 2019 (20,3 %), ce qui lui permet de remporter 22 sièges et de s’installer comme la deuxième délégation nationale au sein du PPE. La troisième force de la droite européenne au Parlement européen est à retrouver en Pologne. Dimanche, la coalition du Premier ministre Donald Tusk est arrivée en tête du scrutin, avec 30,1 % des voix (18 sièges).

En Grèce, le parti au pouvoir Nouvelle Démocratie a quant à lui obtenu un score de 28,3 % et décroche 7 sièges de députés européens. Le PPE pourra aussi compter sur 11 élus roumains, 9 Italiens, ou encore 7 Portugais. Les conservateurs sont par ailleurs arrivés en tête en Finlande, en Bulgarie, en Croatie ou dans les pays baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie).

Les limites de la droite européenne

S’ils demeurent la première force politique européenne, les conservateurs ne retrouvent pas le nombre de députés européens auquel ils étaient habitués avec les résultats des précédents scrutins. Fort de 189 élus cette année, le Parti populaire européen est loin des 221 sièges de 2014, ou même des plus de 260 eurodéputés qu’il avait obtenu en 2004 et 2009. Longtemps ultradominant au sein de l’hémicycle strasbourgeois, le PPE s’était rétréci en 2019, perdant environ 40 sièges, au profit des libéraux de Renew ou de l’extrême droite.

Cette année, le PPE est de nouveau concurrencé par la poussée des formations nationalistes. A sa droite, les deux groupes d’extrême droite gonflent leurs rangs. Les Conservateurs et réformistes européens (CRE) remportent 4 élus de plus, tandis que le groupe Identité et démocratie (ID), où siège le Rassemblement national, étoffe ses troupes avec 9 sièges supplémentaires. Un chiffre auquel il faut notamment ajouter les 15 députés européens des nationalistes allemands de l’AfD, qui siègent pour l’instant parmi les non-inscrits depuis leur exclusion récente du groupe ID.

Même s’il est arrivé en deuxième position dimanche en Pologne, le parti eurosceptique Droit et justice (PiS), membre des CRE, demeure également une force importante sur la scène nationale et européenne. Avec 36,2 % des voix, la formation de l’ancien Premier ministre Mateusz Morawiecki obtient 20 élus à Strasbourg. Plus au sud, en Italie, la Première ministre Giorgia Meloni confirme quant à elle sa dynamique et envoie 24 représentants au Parlement européen, contre 10 en 2019.

Ursula von der Leyen, future présidente de la Commission européenne ?

Issue du PPE, Ursula von der Leyen pourrait donc rempiler pour cinq ans de plus à la tête de la Commission européenne. “Merci aux électeurs qui ont accordé leur confiance au Parti populaire européen”, s’est exclamée dimanche soir la présidente de l’exécutif européen. Candidate pour renouveler son mandat, l’Allemande fait figure de favorite pour le premier des “tops jobs” des institutions de l’UE. “Dès demain, je commencerai à bâtir une large coalition pour une Europe forte. Et avec d’autres, nous construirons un bastion contre les extrêmes de droite et de gauche”, a-t-elle ajouté au soir des résultats.

Ursula von der Leyen a besoin d’une majorité absolue des députés au Parlement européen pour renouveler son mandat, soit 361 voix sur 720. Elle dispose aujourd’hui d’une majorité théorique de 400 sièges si l’on additionne les effectifs des trois groupes de la coalition pro-européenne actuelle : le PPE, les Socialistes et démocrates (S&D) et les libéraux de Renew Europe. Au lendemain des élections, les présidents de ces trois formations, auxquelles il faut ajouter celle des Verts, ont confirmé leur soutien au système du Spitzenkandidat, selon lequel le chef de file de la famille politique arrivée en tête aux élections européennes devient président de la Commission. Ursula von der Leyen, en l’occurrence, tête de liste européenne du PPE.

Mais tous ces groupes ne votent pas comme un seul homme. Les Républicains français, siégeant au sein du PPE, ont d’ores et déjà indiqué qu’ils ne soutiendraient pas la candidature de l’Allemande. Et pour rappel, même si une majorité plutôt large lui était promis en 2019, Ursula von der Leyen avait finalement été adoubée d’une courte tête par le Parlement européen.

Si elle souhaite rempiler pour un second mandat, l’ancienne ministre de la Défense d’Angela Merkel devra donc trouver d’autres alliés au Parlement européen pour s’assurer un vote favorable. Pour ajouter une dose d’incertitude, les effectifs des groupes politiques ne sont pas tout à fait figés. Environ 100 eurodéputés n’appartiennent aujourd’hui à aucun groupe politique, soit parce qu’ils étaient déjà avec les non-inscrits sur les bancs de l’hémicycle strasbourgeois (comme le Fidesz hongrois de Viktor Orbán ou le Mouvement 5 étoiles italien), soit parce que de nouveaux partis ont fait leur apparition. C’est le cas du BSW (gauche populiste, Allemagne) ou de la Confédération (extrême droite, Pologne). Les tractations vont bon train, au lendemain de ces élections européennes, pour connaître le visage quasi définitif du prochain hémicycle.

Avant même le vote des eurodéputés, Ursula von der Leyen devra passer une première étape cruciale. C’est au Conseil européen, qui réunit les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE, de proposer un nom aux députés européens pour la présidence de la Commission. Ursula von der Leyen pourra par exemple compter sur le Premier ministre polonais, Donald Tusk, et sur le chef du gouvernement grec, Kyriákos Mitsotákis, tous deux issus du PPE. Mais il lui faudra rallier d’autres soutiens parmi les dirigeants européens. Plus de la moitié d’entre eux, pour être exact, représentant au moins 65 % de la population de l’UE. Selon plusieurs médias, Ursula von der Leyen est assurée de recevoir un soutien suffisant de la part des Vingt-Sept.

Un premier dîner entre chefs d’Etat et de gouvernement a lieu le 17 juin. Le prochain sommet officiel des Vingt-Sept est ensuite prévu les 27 et 28 juin, avant la session constitutive du nouveau Parlement européen, le 16 juillet.

Consultez notre dossier spécial Elections européennes 2024

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