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Elections européennes 2024 : le programme de Raphaël Glucksmann et de la liste Parti socialiste (PS)/Place publique (PP)

Menée par Raphaël Glucksmann pour le scrutin du 9 juin, la liste “Réveiller l’Europe” entend mener une “révolution écologique européenne”. Découvrez les principales mesures du programme de l’alliance entre le Parti socialiste et Place publique.

La tête de liste Raphaël Glucksmann à l’occasion d’une meeting à Montpellier le 18 mai dernier - Crédits : compte X @rglucks1

Il est des moments dans l’Histoire où bascule le destin des peuples, des moments qui élèvent les civilisations ou les précipitent dans l’abîme. Nous vivons l’un de ces moments décisifs en Europe en 2024”, explique Raphaël Glucksmann en préambule du programme de la liste qu’il mène pour les élections européennes.

Le 15 mai dernier, le chef de file de la liste d’alliance entre le Parti socialiste et sa formation Place publique a dévoilé 338 mesures qui placent l’écologie et la défense européenne au centre du débat. Alors que le contexte “exige des transformations radicales”, Raphaël Glucksmann appelle de ses vœux une “Europe puissante” et une “révolution écologique européenne”.

Réarmer l’Ukraine et l’Europe

C’est au conflit en Ukraine que les sociaux-démocrates consacrent la première des 44 pages de leur programme. “La première priorité c’est de donner à l’Europe les moyens de se défendre”, ce qui passe par Kiev, “notre première ligne de défense”, écrivent-ils. La liste “Réveiller l’Europe” veut utiliser la totalité des 206 milliards d’avoirs publics russes gelés dans les banques pour continuer à financer la résistance ukrainienne. Et pas uniquement les intérêts générés par ces derniers, comme l’ont validé les Vingt-Sept le 21 mai dernier.

A plus long terme, Raphaël Glucksmann entend mettre l’accent sur le réarmement du continent. Il vise la création d’un fonds européen de défense de 100 milliards pour financer les industries de défense. S’il existe déjà un Fonds européen de défense (FED), ce dernier reste modeste (7,9 milliards d’euros) et circonscrit à certaines dépenses. Pour financer ce nouvel instrument, l’Union européenne pourrait recourir à un nouvel emprunt commun sur le modèle du plan de relance européen, indique le programme.

Favoriser le “made in Europe”

Outre la défense, Raphaël Glucksmann désigne deux autres secteurs stratégiques : l’industrie de la transition écologique et le numérique. Dans ces trois domaines, il souhaite la mise en place d’un Buy European Act (Loi “acheter européen”). Autrement dit : réserver la commande publique (et les autres formes de soutien public) en priorité aux producteurs européens afin notamment de rapatrier les industries stratégiques sur le Vieux Continent.

Pour une “phase 2” du Pacte vert

Des 7 chapitres que compte le programme, celui sur l’écologie est le plus fourni avec 90 mesures. Raphaël Glucksmann explique ne pas vouloir “céder à l’assaut politique et culturel lancé par la droite et l’extrême-droite contre l’écologie” et vouloir défendre “chaque texte d’un Pacte vert qui est devenu le bouc émissaire de tous les problèmes”. Il appelle à une “phase 2” dans la mise en œuvre de la feuille de route environnementale européenne.

Pour le candidat de centre gauche, la “révolution énergétique” est aussi un “impératif sécuritaire” face au pouvoir des pétromonarchies du Golfe et à Vladimir Poutine. Il entend ainsi investir massivement dans les énergies renouvelablesafin qu’elles représentent au moins 45 % du bouquet énergétique de l’UE en 2030 et 75 % en 2040″. En parallèle, le Parti socialiste et Place publique visent la “sortie du charbon (2030), du gaz fossile (2035) et du pétrole (2045) […] en conservant une part de nucléaire comme une énergie de transition”. L’alliance souhaite par exemple la mise en place d’un grand plan de rénovation énergétique des bâtiments, notamment de l’ensemble des écoles européennes d’ici 2030.

Le programme plaide également en faveur d’un ticket climat pour rendre les tarifs du train plus attractifs. Une mesure qui pourrait être financée par une taxe sur le kérosène des avions. Le conséquent chapitre met aussi en lumière de nombreuses propositions en faveur de la protection des océans, de la biodiversité et du bien-être animal.

Investir massivement dans le logement social

Traditionnelle clé de voûte des programmes du PS, la question sociale arrive en troisième position. Pour Raphaël Glucksmann, le projet européen ne tient pas “sans justice et cohésion sociale” et notamment une “offre de logement abordable et durable”. Concrètement, l’investissement massif dans le logement social est l’une des mesures visant à sortir les 800 000 sans-abris européens de la rue d’ici 2030.

Autre priorité sociale avancée par le candidat : faire baisser les factures des ménages, des PME et des collectivités. “Réveiller l’Europe” ambitionne de réformer le marché européen de l’électricité pour garantir des “prix réglementés, stables et raisonnables”. Dans la même optique, la liste souhaite renforcer les moyens du Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD) , qui finance par exemple les Restos du Cœur et le Secours populaire, pour lutter contre la précarité alimentaire.

Pour défendre “les travailleurs”, le Parti socialiste et Place publique entendent aussi mettre en place une “garantie européenne pour l’emploi” pour les chômeurs de longue durée et interdire “les écarts de salaires supérieurs à 20 dans une même entreprise”.

Si la liste présente de nouvelles dépenses, elle suggère également de nouvelles sources de revenus. Elle propose un impôt européen sur les grandes fortunes pour financer la transition climatique et sociale, projet par ailleurs porté par l’eurodéputée sortante et 4e de liste Aurore Lalucq ainsi que plusieurs soutiens à travers une initiative citoyenne européenne baptisée “Tax the Rich”.

Outre les ultrariches, la liste veut taxer les “superprofits des multinationales et des profiteurs de guerre”. Ces nouvelles ressources propres permettraient d’ ”outiller l’Union européenne” en portant son budget à 5 % du PIB des Etats membres, contre environ 1 % actuellement.

Mettre fin au droit de veto des Etats membres

Raphaël Glucksmann et les socialistes y vont également de leurs réformes institutionnelles. A commencer par la fin du droit de véto des Etats membres au Conseil de l’Union européenne. Aujourd’hui, l’unanimité reste requise sur certains sujets comme la politique étrangère, la défense ou la fiscalité.

Le programme évoque également la possibilité pour le Parlement européen de proposer des “lois” européennes. Actuellement, le pouvoir d’initiative législative est exclusivement réservé à la Commission européenne.

En matière d’élargissement enfin, “Réveiller l’Europe” plaide pour un “grand traité de réunification du continent européen” en 2030. Un texte qui constituerait une “avancée fédérale et de démocratisation de l’Union européenne”. Et qui s’accompagnerait d’une transformation de “notre Union, ses institutions comme ses politiques structurelles”.

Pour une “Europe féministe” et humaniste

Pour promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes, le programme des socialistes met en avant une mesure phare : l’introduction d’une “clause de l’Européenne la plus favorisée”. Jadis portée par Gisèle Halimi, l’idée est que chaque Européenne puisse bénéficier des législations les plus progressistes en matière de lutte contre les violences sexuelles et sexistes ou d’égalité salariale, quel que soit son Etat de résidence. Raphaël Glucksmann veut également inscrire l’IVG et la contraception dans la Charte des droits fondamentaux.

Sur l’immigration, le candidat social-démocrate prône un “devoir de sauver” et plaide pour une relance des opérations de sauvetage en mer Méditerranée. Il veut mettre fin aux accords d’externalisation des politiques migratoires avec les Etats tiers. Ces dernières années, l’Union européenne a signé des accords avec plusieurs pays comme la Turquie, la Tunisie ou l’Egypte pour freiner les départs de migrants vers son territoire.

Transformer la politique agricole commune, investir dans la culture

En matière agricole, la liste d’alliance ambitionne de transformer la politique agricole commune (PAC) en “politique agricole et alimentaire commune”. Le mode d’attribution des subventions européennes aux agriculteurs dépendrait plus fortement de mesures environnementales ou liées à l’emploi afin d’aider les agriculteurs “dans leur transition agroécologique”.

Ces aides seraient par ailleurs plafonnées à l’hectare et réorientées vers “les petites exploitations, l’installation des jeunes, la filière bio”. Le revenu des agriculteurs serait garanti par la mise en place de “prix planchers” et l’exclusion de l’agriculture des accords de libre-échange.

Enfin, le programme prévoit plusieurs mesures en matière de politique culturelle, comme le doublement du budget alloué au programme Europe Créative “pour qu’il atteigne 800 millions d’euros par an”. Ainsi qu’en faveur de la jeunesse, avec la mise en place notamment d’une “allocation d’autonomie” pour les 15-25 ans.

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