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Elections européennes 2024 : le programme de Valérie Hayer et de Renaissance

Menée par Valérie Hayer pour le scrutin du 9 juin, la liste Besoin d’Europe porte les idées de la majorité présidentielle. Voici les principaux éléments de son programme.

Valérie Hayer en meeting à Paris, le 7 mai - Crédits : compte X @ValerieHayer

Avec l’Europe, la France est plus forte”, affirme la liste Besoin d’Europe dans son programme. Portée par Valérie Hayer, celle-ci rassemble le parti présidentiel Renaissance et ses alliés, à savoir le MoDem, Horizons, l’UDI et le Parti radical. 

Dévoilé le 6 mai, le programme de la liste est divisé en trois axes, répartis sur une quinzaine de pages : “Faire de l’Europe une puissance forte, sûre et indépendante”, “Faire de l’Europe une puissance écologique, économique et sociale” et “Défendre le modèle européen et nos valeurs”.

Montée en puissance de l’Europe de la défense, plan d’investissement de 1 000 milliards d’euros pour compléter le Pacte vert, inscription de l’IVG dans la Charte européenne des droits fondamentaux… Besoin d’Europe défend 48 propositions, résolument inspirées du discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe prononcé à la Sorbonne, le 25 avril dernier.

Faire de l’Europe une puissance forte, sûre et indépendante

La liste de Valérie Hayer amorce le premier axe de son programme par la question de la défense. Pour “réussir le réarmement de l’Europe”, Besoin d’Europe propose notamment de créer un “Fonds européen de soutien aux industries de défense”. A ce jour, un Fonds européen de défense, doté d’un budget de 7,9 milliards d’euros pour la période 2021-2027, finance déjà des projets transnationaux dans ce domaine. Mais la majorité présidentielle désire porter cette ambition plus loin, avec 100 milliards d’euros d’investissement. Pour ce faire, la liste appelle notamment à mobiliser la Banque européenne d’investissement (BEI), le bras financier de l’UE.

Le programme vise aussi une augmentation des budgets de défense de tous les Etats membres à 2 % du PIB d’ici à 2025 et à 3 % d’ici à 2030. Il prévoit également la mise en place d’une Force de réaction rapide européenne “pour des missions d’urgence, l’évacuation de ressortissants ou encore la protection de nos routes maritimes”. Une initiative prévue par la “boussole stratégique”, feuille de route de la sécurité et de la défense européennes adoptée en 2022, mais qui n’a pas encore abouti.

La liste centriste avance également des propositions en matière d’énergie. A l’aide du nucléaire et des renouvelables, son objectif est de sortir des énergies fossiles avant 2050. Valérie Hayer et ses alliés prévoient à ce titre un triplement de la production d’énergie nucléaire d’ici-là. L’abandon de l’énergie russe est quant à lui prévu dès 2025. A l’heure actuelle, le plan européen REPowerEU, amorcé dans le sillage de la guerre en Ukraine, a fixé cette échéance à 2027.

En matière de sécurité, Besoin d’Europe milite notamment pour la création d’un “Conseil de sécurité intérieure”. Une mesure explicitée par Emmanuel Macron à la Sorbonne en avril. Celle-ci consisterait à faire évoluer le “Conseil Schengen”, instance de pilotage de l’espace Schengen lancée en 2022, pour mieux coordonner l’action des pays de l’UE quant aux questions de sécurité.

Concernant les frontières enfin, le camp de la majorité présidentielle plaide pour une augmentation du nombre de garde-frontières et garde-côtes européens jusqu’à 30 000, pour “appuyer les Etats membres dans les contrôles et expulsions”. Visant un doublement des retours des migrants en situation irrégulière, jusqu’à 200 000 chaque année, la majorité présidentielle veut notamment négocier des accords avec leurs pays d’origine pour atteindre cet objectif. Dans le même temps, Valérie Hayer et ses alliés souhaitent octroyer 100 000 visas prioritaires pour les métiers en tension ainsi que pour les “talents étrangers (chercheurs et entrepreneurs)”.

Faire de l’Europe une puissance écologique, économique et sociale

Dans ce volet du programme, la liste appelle à un grand plan d’investissement de 1 000 milliards d’euros, intitulé “Plan Europe 2030″. Cinq secteurs sont concernés : l’énergie, les transports, le numérique, la santé et l’espace. Le plan a notamment vocation à compléter le Pacte vert, la feuille de route de l’UE pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050.

Parmi les objectifs annoncés figurent la production de 10 millions de véhicules propres en Europe d’ici à 2030 et la création d’un avion vert européen, des capacités de calcul de rang mondial en matière de numérique, “un plan Marie Curie massif pour des vaccins et traitements européens” ou encore le lancement d’une mission lunaire européenne.

Pour financer les fonds publics du plan, un emprunt commun de long terme, “remboursé par de nouvelles ressources” (non précisées dans le programme), est proposé. L’investissement privé s’appuierait, lui, sur une “Union de l’épargne et de l’investissement” permettant “à l’épargne européenne d’être investie en Europe dans l’innovation et les transitions verte et numérique”. Un livret d’épargne européen, destiné à “orienter l’épargne réglementée vers l’investissement et la production”, compte également parmi les projets de la majorité présidentielle.

Au-delà du “Plan Europe 2030”, le programme fait part de plusieurs propositions en matière d’écologie. Comme une réduction de 50 % de l’utilisation des pesticides d’ici à 2030. Soit la même cible qu’un projet de législation abandonné, en février dernier, par la Commission européenne face à l’opposition des eurodéputés de droite et d’extrême droite. La liste Besoin d’Europe désire aussi mettre en place un “Pacte bleu”, notamment pour protéger les fonds marins. Autre exemple de proposition environnementale : l’extension de la “taxe carbone” aux frontières de l’UE, le mécanisme d’ajustement carbone adopté en 2023, à de nouveaux secteurs tels que l’automobile.

Les mesures relatives à l’agriculture sont également mentionnées dans cette partie du programme. Comme l’adoption d’un “Egalim européen”, du nom de cette loi française encadrant les relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire, afin d’assurer “des revenus dignes à nos agriculteurs”.

En ce qui concerne le commerce, la liste de Valérie Hayer se positionne en faveur d’un “bouclier commercial européen”. Celui-ci comprendrait la mise en place de tarifs douaniers “automatiques et massifs” face à ceux qui seraient imposés aux entreprises européennes. De même que des “règles miroirs” pour que les produits importés soient soumis aux mêmes règles que les entreprises et agriculteurs européens. Les négociations d’accords commerciaux avec les pays ne respectant pas les accords de Paris sur le climat et de Montreal sur la biodiversité seraient abandonnées. Ce qui impliquerait le rejet de l’accord actuel avec le Mercosur, selon le programme. Une “préférence européenne” (Buy European Act) pour conditionner les aides publiques et orienter l’attribution des marchés publics est aussi avancée.

Défendre le modèle européen et nos valeurs

Dans ce troisième et dernier axe du programme de la liste Besoin d’Europe, les grandes mesures édictées par Emmanuel Macron à la Sorbonne sont également reprises. A l’instar de l’inscription de l’IVG dans la Charte européenne des droits fondamentaux. Une perspective qui a obtenu l’assentiment des eurodéputés, dans une résolution adoptée le 11 avril dernier. Sur les réseaux sociaux, la “majorité numérique à 15 ans”, déjà instaurée en France mais que le président appelle de ses vœux pour l’ensemble de l’UE, est également souhaitée.

Sur le plan institutionnel, la liste entend “rendre les institutions européennes plus efficaces et démocratiques”. Ce qui passerait notamment par une extension des domaines concernés par la prise de décision à la majorité qualifiée plutôt qu’à l’unanimité au Conseil de l’UE (“sanctions, fiscalité, Etat de droit”). Ou encore par l’attribution aux eurodéputés d’un pouvoir d’initiative législative, dont la Commission européenne détient aujourd’hui le monopole.

En matière de démocratie, Valérie Hayer et ses colistiers soutiennent de nouveau le principe de listes transnationales aux élections européennes, une idée déjà portée par la liste de la majorité présidentielle en 2019. Pour éviter les ingérences étrangères en politique, ils défendent une interdiction des financements extra-européens des partis.

Concernant la culture, la liste propose notamment un Pass culture européen (sur le modèle du pass permettant aux jeunes Français d’accéder aux biens culturels, selon Emmanuel Macron en avril). Enfin, pour l’éducation et la jeunesse, elle souhaite le doublement des universités européennes (alliances d’établissements d’enseignement supérieur) de 50 à 100 d’ici à 2030 ou encore la création d’un “Pass Rail illimité”, pour faciliter l’accès des jeunes au train.

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