La campagne électorale se prolonge en France. Le dimanche 9 juin 2024, quelques minutes seulement après la fermeture des derniers bureaux de vote dans l’Hexagone et la publication de premières estimations de résultats des élections européennes, le chef de l’Etat, Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale.
Une décision prise après la défaite de la majorité présidentielle lors de ce scrutin, largement distancée par le Rassemblement national dans les urnes (14,6 % contre 31,4 %), et talonnée par la liste du Parti socialiste et de Place publique (13,8 %).
Conséquence : les 577 députés français ont été démis de leur fonction, et des élections législatives anticipées sont convoquées, les 30 juin et 7 juillet prochain. Certains des 81 eurodéputés français élus dimanche 9 juin ont été investis candidats par leur parti pour ces élections législatives. Ils enchaîneront ainsi une deuxième campagne électorale d’affilée, après celle des européennes.
En cas de victoire sur leur circonscription, ils devront choisir entre leur mandat national et européen : il est interdit de cumuler des fonctions au Parlement européen et dans un Parlement national. Mais rien ne les empêche pour autant de candidater à d’autres scrutins parallèlement à leur mandat de parlementaire européen.
Le contingent de représentants français à Strasbourg pourrait donc être modifié avant même que les eurodéputés ne siègent pour la première fois au sein du Parlement européen, lors de la session plénière constitutive qui se tiendra du 16 au 19 juillet 2024.
Parmi les 81 nouveaux députés européens français élus le dimanche 9 juin, on en compte aujourd’hui 9 officiellement investis par leur parti pour les élections législatives, et 4 qui figurent comme candidats suppléants. Par ailleurs, 5 anciens eurodéputés de la mandature 2019-2024 qui n’ont pas été réélus le 9 juin sont également candidats aux élections législatives.
Quels députés européens sont candidats aux législatives ?
On dénombre, à ce jour, neuf députés européens français officiellement candidats aux élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet 2024. Huit d’entre eux sont des élus du Rassemblement national.
C’est ainsi le cas d’Anne-Sophie Frigout, en 8e position sur la liste de Jordan Bardella aux élections européennes, qui se présente dans la 2e circonscription de la Marne. Déjà candidate lors des législatives de 2022, elle s’était imposée mais son élection avait été invalidée par le Conseil constitutionnel. Elle avait remis son siège en jeu quelques mois plus tard lors d’une élection législative partielle qu’elle avait finalement perdu face à Laure Miller, candidate du camp présidentiel. La nouvelle eurodéputée du RN entend prendre sa revanche cette année.
Anne-Sophie Frigout n’est pas la seule eurodéputée du parti nationaliste à retenter sa chance aux élections législatives. Virginie Joron, élue au Parlement européen en 2019 et réélue le 9 juin 2024, est de nouveau candidate dans le Bas-Rhin, sur la 2e circonscription. En 2022, elle s’était présentée sur la 4e circonscription du département alsacien, mais s’était fait battre dès le premier tour. De même pour Marie Dauchy, députée européenne depuis 2022, investie dans la 3e circonscription de Savoie.
Julie Rechagneux, tout juste élue à Strasbourg, se représente dans la 4e circonscription de Gironde, et Rody Tolassy dans la 3e circonscription de Guadeloupe. Julien Leonardelli et Gaëtan Dussausaye repartent également en campagne dans les mêmes circonscriptions qu’ils convoitaient en 2022 (respectivement 5e de Haute-Garonne et 2e des Vosges). Pour Sylvie Josserand enfin, elle aussi novice au Parlement européen, ce sera une première candidature aux législatives, dans la 6e circonscription du Gard.
A ce jour, la seule candidature connue d’une députée européenne française hors RN est celle d’Emma Fourreau. Candidate en 9e position sur la liste de La France insoumise aux élections européennes, elle est devenue eurodéputée le 9 juin. Ce qui ne l’empêche pas de se présenter aux législatives des 30 juin et 7 juillet, sur la 1ère circonscription du Calvados. Elle y avait déjà candidaté en 2022, échouant à se faire élire pour quelques voix seulement.
Quels députés européens sont candidats suppléants aux législatives ?
Pour candidater aux élections législatives en France, il est impératif de le faire en binôme : un candidat titulaire et un candidat suppléant, qui remplace le premier si celui-ci démissionne. Mais le rôle de suppléant, le plus souvent anecdotique, est aussi parfois symbolique et permet d’apporter du poids à une candidature. C’est certainement pour cette raison que quatre eurodéputés français ont été investis candidats suppléants lors de ces élections législatives.
Ainsi François-Xavier Bellamy, tête de liste des Républicains aux élections européennes de 2019 et 2024, épaule-t-il Arnaud Poulain dans la 1ère circonscription des Yvelines. Un candidat qu’il connaît bien, puisqu’il est son collaborateur depuis cinq ans au Parlement européen, et fut son coordinateur de campagne lors du scrutin de 2019. Une façon de le remercier et de le soutenir à son tour, en quelque sorte.
Situation similaire pour Fabienne Keller. Députée européenne depuis 2019 et questeure du Parlement européen lors de la dernière mandature, l’ancienne maire de Strasbourg supplée Etienne Loos, candidat de la majorité présidentielle dans la 1ère circonscription du Bas-Rhin.
Même cas de figure pour deux eurodéputées du Rassemblement national. Mathilde Androuët est la suppléante de Babette de Rozières dans la 7e circonscription des Yvelines, tout comme Angéline Furet avec François Fevre dans la 2e circonscription de la Sarthe.
Du côté du Parti socialiste et de Place publique, des Ecologistes (ex-EELV) ainsi que de Reconquête, aucun des députés européens élus le dimanche 9 juin n’ont été investis candidats aux élections législatives anticipées.
Quels anciens députés européens non réélus sont candidats aux législatives ?
Parmi les milliers de candidats à ces élections législatives, on retrouve également d’anciens visages du Parlement européen. Non réélu aux élections européennes de 2024 car en 11e position sur la liste des Républicains, Geoffroy Didier a été investi par son parti dans la 6e circonscription des Hauts-de-Seine. Tout comme son ancienne collègue à Strasbourg, Laurence Sailliet (qui, elle, ne figurait pas sur la liste LR aux européennes), candidate sur la 1ère circonscription de Paris.
Plus à gauche, Benoît Biteau, qui était en 6e position sur la liste des Ecologistes (ex-EELV) aux européennes, n’a pas été réélu non plus au Parlement européen. Il brigue un siège de député français cette fois-ci, dans la 2e circonscription de Charente-Maritime. Quant à Pierre Larrouturou, ancien député européen et fondateur du petit parti de gauche Nouvelle Donne, il se présente dans la 5e circonscription de l’Essonne. Enfin, Emmanuel Maurel, eurodéputé de 2014 à 2024 et candidat cette année sur la liste du PCF, se présente dans la 3e circonscription du Val-d’Oise aux élections législatives.
D’anciens députés européens, qui ont quitté le Parlement européen ces dernières années pour exercer des mandats nationaux ou des fonctions gouvernementales, seront eux aussi candidats lors des élections législatives anticipées. C’est le cas de Stéphane Séjourné, eurodéputé de 2019 à janvier 2024, date à laquelle il est devenu ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. Il brigue pour la première fois un mandat de député français dans la 9e circonscription des Hauts-de-Seine.
Elus à l’Assemblée nationale en 2022, quatre députés européens avaient ainsi quitté l’hémicycle européen pour rejoindre le palais Bourbon. Hélène Laporte (RN, 2e circonscription du Lot-et-Garonne), Joëlle Mélin (RN, 9e circonscription des Bouches-du-Rhône), Julie Lechanteux (RN, 5e circonscription du Var) et le coordinateur national de La France insoumise, Manuel Bompard (4e circonscription des Bouches-du-Rhône), seront tous les quatre candidats à leur réélection.
Clément Beaune, ancien ministre délégué chargé de l’Europe (2020-2022), tentera par ailleurs de se faire réélire député sur la 7e circonscription de Paris.
