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Résultats des élections européennes 2024 : les conservateurs renforcés, la progression de l'extrême droite moins forte qu'attendue ?

Les 10e élections européennes se sont clôturées ce dimanche 9 juin après quatre jours de scrutin dans les 27 Etats membres de l’UE. A l’issue du vote, les droites européennes voient leur poids dans l’hémicycle strasbourgeois renforcé, tandis que la poussée des nationalistes semble un peu moins importante que prévu. En France, Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale après la victoire historique du Rassemblement national.

Lors du cycle électoral qui s’est étendu du jeudi 6 juin au dimanche 9 juin 2024 dans l’ensemble de l’UE, 51 % des citoyens européens se seraient rendus aux urnes selon le Parlement européen - Crédits : Toute l’Europe

Les partis traditionnels conservent une majorité au Parlement européen”, titrent Les Echos. Un petit retournement de situation, alors que certains sondages annonçaient un virage plus à droite de l’hémicycle strasbourgeois à l’issue des élections européennes, qui se sont tenues du jeudi 6 au dimanche 9 juin dans l’ensemble de l’UE. “La majorité sortante composée des conservateurs, des socialistes et des libéraux totaliserait 402 sièges [sur les 720 que compte le nouveau Parlement européen]”, selon les dernières estimations, détaille le quotidien économique.

Le Parti populaire européen [conservateurs] a une nouvelle fois remporté les élections européennes en obtenant 184 sièges”, écrit El Mundo. Les Socialistes et Démocrates de centre gauche sont quant à eux “restés stables [139 sièges], tandis que le groupe libéral Renew Europe a été décimé [80 sièges, NDLR]”, note Politico. De leur côté, les “deux groupes d’extrême droite [Identité et démocratie auquel appartient le RN et les Conservateurs et réformistes européens dont fait partie Reconquête] gagnent également des sièges [13 à eux deux]”, mais moins que ce qu’indiquaient les sondages, fait savoir Public Sénat. Les partis écologistes, quant à eux, “accusent […] un net recul, en perdant 19 sièges”, tandis que le groupe La Gauche (gauche radicale), où siège la France insoumise, “perd de son côté un siège”, ajoute la chaîne parlementaire.

En France, “les nationalistes de droite de Le Pen gagnent clairement”, commente la chaîne allemande Taggeschau. En effet, la liste “La France revient” du RN menée par Jordan Bardella, réalise une percée historique en recueillant 31,37 % des suffrages exprimés, loin devant la liste de la majorité présidentielle portée par Valérie Hayer qui “rassemble, elle, 14,60 % des suffrages”, écrit Le Parisien. Elle est talonnée par la liste PS-Place publique, “Réveiller l’Europe”, dirigée par Raphaël Glucksmann qui enregistre 13,83 % des voix, poursuit le quotidien régional. Ensuite, les trois autres listes à dépasser le seuil des 5 % qualificatifs sont La France insoumise “représentée par Manon Aubry (9,89 %) […], Les Républicains de François-Xavier Bellamy (7,25 %) […] [et] la tête de liste écologiste Marie Toussaint (5,50 %) [qui] devance finalement d’un rien l’extrême droite de Marion Maréchal (5,47 %)”, détaille BFM TV.

Bardella triomphe, Macron dissout la Chambre”, titre de son côté le quotidien italien Il Sore 24 Ore, après la dissolution de l’Assemblée nationale annoncée par le président français lors d’une allocution télévisée, après les premières estimations de résultats. Le chef de l’Etat “répond ainsi à une demande du Rassemblement national, qui a clairement remporté le vote”, après que Jordan Bardella a demandé à Emmanuel Macron de convoquer de nouvelles élections législatives compte tenu de la percée historique de son parti lors du scrutin européen [Taggeschau].

Par ailleurs, le taux de participation serait en hausse à la fois dans l’ensemble de l’Union et en France selon les dernières estimations. D’après le Parlement européen, ce chiffre s’élèverait à 51 % dans l’UE, soit une très légère hausse par rapport à 2019, scrutin lors duquel la mobilisation avait atteint 50,66 %. En France, le ministère de l’Intérieur estime le taux de participation à 51,49 %, à savoir près d’1,5 point de plus qu’en 2019.

Les conservateurs en tête, l’extrême droite progresse

Les résultats, même incomplets, sont sans ambigüité. Les conservateurs du PPE progressent et confirment leur place de première formation politique au Parlement strasbourgeois”, résume Le Monde. Ainsi, le Parti populaire européen de la présidente sortante de la Commission européenne, Ursula von der Leyen “reste[rait] le premier groupe au Parlement européen” avec 184 sièges contre 176 à la veille des élections [Euronews]. De fait, les conservateurs sont arrivés en tête dans une majorité d’Etats membres, parmi lesquels se trouvent les principales puissances du Vieux Continent tels que l’Allemagne, l’Espagne ou encore la Pologne.

Selon les résultats provisoires, “la CDU et la CSU atteignent 30 % [des suffrages]”, devenant ainsi “la force la plus forte” en Allemagne, écrit la chaîne de télévision ZDF. Et en Espagne, c’est le parti populaire d’Alberto Núñez Feijóo qui remporte le scrutin en obtenant “22 sièges et 34,1 % des voix, devant le PSOE [du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez] qui [reste] la première force du groupe de l’Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates en Europe [avec 20 sièges, NDLR]”, malgré un léger recul du nombre de suffrages récoltés [El Confidencial].

De la même façon en Pologne, les conservateurs de la “Coalition civique [du Premier ministre pro-européen Donald Tusk] [ont] remporté le plus de voix (37,4 %)”, terminant devant le parti nationaliste et eurosceptique Droit et Justice (PiS) qui récolte 35,9 % des suffrages, rapporte la chaîne polonaise TVN.

En outre, “les partis d’extrême droite ont réalisé des gains importants”, bien qu’inférieurs aux annonces des sondages, note Euronews. Les groupes Identité et démocratie (ID) et les Conservateurs et réformistes européens (CRE) passent respectivement de 49 à 58 sièges et de 69 à 73 élus, selon les dernières estimations du Parlement européen. C’est en France que la percée de l’extrême droite est la plus marquante, la “liste conduite par Jordan Bardella [pour le Rassemblement national] obt[enant] 31,37 % des voix”, une “confirmation” selon Le Monde. “A 20h45, Emmanuel Macron en a tiré des conséquences inattendues en annonçant la dissolution de l’Assemblée nationale”, analyse de son côté Libération.

En Italie, la formation politique d’extrême droite Fratelli d’Italia de la Première ministre, Giorgia Meloni, “confirme être le premier parti [du pays], atteignant 29 % [des voix]”, loin devant ses deux partenaires de gouvernement que sont les conservateurs de Forza Italia (9,7 %) et le parti eurosceptique de la Ligue (9,1 %) [La Repubblica].

Même chose en Belgique dans la partie néerlandophone où ce sont deux partis d’extrême droite qui arrivent en tête, “Vlaams Belang (23 %), devant le N-VA (22,1 %)”, avec une avance marquée sur leurs rivaux, dont le parti libéral du Premier ministre Alexander De Croo (9,1 %). Ce dernier a annoncé sa démission à la suite de la parution des résultats [RTBF].

En Hongrie, “la victoire du Fidesz [de Viktor Orbán] n’est pas aussi éclatante [qu’attendue, NDLR]”, titre le quotidien hongrois Blikk. Bien que le parti eurosceptique et pro-russe du Premier ministre hongrois ait “remporté le plus de sièges [11 sur 21]”, le parti de centre droit mené par un ancien cadre de Fidesz, Péter Magyar en a remporté 7, poursuit le média.

Les libéraux et les Verts en net recul, les sociaux-démocrates limitent les dégâts

Accusant une forte baisse, les libéraux du groupe Renew et les Verts perdent respectivement 22 et 19 sièges, et auraient 80 et 52 élus chacun, selon les estimations du Parlement européen. En France, Les Echos parlent d’une “défaite cinglante” pour la majorité présidentielle d’Emmanuel Macron, dont la tête de liste, Valérie Hayer, n’a recueilli que 14,6 % des voix ce dimanche. Si Renaissance et ses alliés demeurent la délégation la plus importante parmi les centristes européens, les Français ne perdent pas moins de 10 sièges dans le groupe libéral (13 contre 23 à la veille des élections).

De même en Espagne qui avait fourni le deuxième contingent du groupe Renew au Parlement européen, dominé par 7 membres du parti centriste Ciudadanos, lequel “n’a pas réussi à entrer au Parlement européen”, obtenant seulement 0,69 % des suffrages [El Periódico].

Quant aux Verts, leur représentants allemands, membres de la coalition gouvernementale outre-Rhin, “ont chuté à 11,9 % [des suffrages]”, contre 20,5 % en 2019, note Der Spiegel. Même sort pour les écologistes français qui “atteignent de justesse les 5 % nécessaires pour être représentés à Strasbourg, quand en 2019 ils récoltaient 13,5 % des suffrages”, rappelle Le Monde.

Dans l’UE, seul le Parti populaire socialiste danois, appartenant au groupe des Verts/Alliance libre européenne, arrive en tête “au Parlement européen avec 17,4 % des voix”, rapporte Berlingske.

Du côté de l’Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates, leur nombre de sièges reste inchangé, à savoir 139 dans l’hémicycle strasbourgeois, reflet de résultats contrastés selon les pays de l’UE. En Allemagne, le SPD du chancelier allemand Olaf Scholz tombe à “13,9 % [contre 15,8 % en 2019], soit son pire résultat jamais enregistré”, fait remarquer Der Spiegel.

A l’inverse, le Parti démocrate italien “grandit et obtient un ‘butin’ allant au-delà des espérances les plus optimistes” avec 24 %, derrière le parti de Giorgia Meloni, soit un gain de 7 sièges par rapport à 2019, écrit le quotidien italien Il Sole 24 Ore.

Enfin, la coalition gouvernementale de gauche souverainiste et pro-russe du Premier ministre Robert Fico “n’a pas réussi à réaliser son triplé aux élections européennes” en Slovaquie, après avoir remporté les élections législatives et présidentielles, note le quotidien Pravda. La formation politique centriste “la Slovaquie progressiste [Renew] a terminé en tête” avec 27,8 % des suffrages, juste devant le Smer du Premier ministre (24,8 %), ajoute le quotidien slovaque.

Emmanuel Macron dissout l’Assemblée nationale

En ce qui concerne la France, l’expression “coup de tonnerre” revient beaucoup dans la presse du jour. Dans une allocution diffusée une heure après l’annonce des résultats hissant l’extrême droite à 40 % des suffrages en France, le président de la République, Emmanuel Macron a déclaré : “j’ai entendu votre message, vos préoccupations et je ne les laisserai pas sans réponse” [Courrier international]. “J’ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote. C’est pourquoi je dissous l’Assemblée nationale ce soir”, a-t-il annoncé, ainsi que la convocation d’élections législatives pour les 30 juin et 7 juillet, rapporte Il Sole 24 Ore.

Une décision qui fait écho au discours du président du Rassemblement national, Jordan Bardella, prononcé après sa large victoire sur le parti présidentiel lors de ces élections européennes. La “tête de liste du Rassemblement national (RN), le parti dirigé par Marine Le Pen, a obtenu 31,37 % des voix […] il a fait le double du résultat de la candidate macroniste, Valérie Hayer”, constate El Mundo. Ce dernier demandait au président Emmanuel Macron de ne pas rester “sourd au message porté par les Français” avec les résultats de ce scrutin, l’appelant à dissoudre l’Assemblée nationale et à organiser “de nouvelles élections législatives”, cite France info.

Les candidats aux élections européennes des différents partis de gauche ont appelé à s’unir en vue des élections législatives à venir. Le candidat du PS et Place Publique, Raphaël Glucksmann qui termine troisième du scrutin (13,83 %) demande la constitution d’une “large force de résistance sur un programme démocratique, social, écologique et pro-européen” et que le “camp de la démocratie se rassemble autour d’un agenda progressiste” sur son compte Instagram. La tête de liste des Insoumis, Manon Aubry, urge pour sa part “tous ceux qui veulent y participer à s’engager à [ses] côtés pour amplifier et élargir l’Union Populaire”, sur son compte X. En quatrième position, La France insoumise a obtenu 9,89 % des voix. “[Les forces de gauches] doivent absolument s’unir dans cette élection, on doit dépasser les divisions qui ont animé la campagne des européennes”, plaide Marie Toussaint (dont le parti des Ecologistes a essuyé une défaite en obtenant seulement 5,5 % des voix soit près de 8 points de moins qu’en 2019), depuis son QG de campagne [Le Monde]. “Face à la droite et à l’extrême droite, construisons l’alternative, construisons ensemble un nouveau front populaire. Il nous reste 20 jours pour créer l’espoir. Unie, la gauche peut gagner”, déclare aussi le candidat communiste Léon Deffontaines sur son compte X.

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